
Les cérémonies commémoratives des combats du Vercors ont eu lieu le 21 juillet à Vassieux, un village détruit par la barbarie et une population décimée par des soldats sans honneur. Une opération militaire conduite pour éliminer les maquis du Vercors, implantés sur le plateau dans la perspective de l’arrivée des armées alliées.
21 juillet. La date est indissociablement liée à la commune de Vassieux-en-Vercors, depuis 81 ans. Ce 21 juillet 1944, des planeurs de l’armée allemande se profilaient à l’horizon. Les soldats détruisirent le village et assassinèrent les résistants et la population de Vassieux, laissant derrière eux des traces indélébiles.
Vassieux n’était pas la seule commune à subir la barbarie. Cette attaque aéroportée accompagnait de l’assaut des pas de l’Est et de l’avancée des troupes à partir de Villard-de-Lans, marquée par les combats de Valchevrière. Car c’est la résistance, les maquis du Vercors qui étaient la cible des soldats de l’Allemagne nazie.

Aussi les cérémonies du 21 juillet marquent-elles l’anniversaire des combats de l’été 44 dans le Vercors qui débutèrent le 13 juin à Saint-Nizier et s’achevèrent par l’ordre de dispersion donné par le chef militaire de la résistance, François Huet, le 23 juillet 1944.
Le rendez-vous commémoratif de ce 21 juillet 1945 a été marqué par la présence de la ministre de la ruralité, Françoise Gatel.
Les cérémonies ont débuté à la nécropole de Vassieux, qui regroupe les tombes et cénotaphes des résistants tombés pour défendre le Vercors et ses habitants. Pierre Buisson y a donné lecture de l’allocation du président de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors, Daniel Huillier.

« Nous sommes ici à Vassieux-en-Vercors, village devenu symbole. Symbole du courage, mais aussi du sacrifice extrême. Lieu de combat, mais aussi lieu de massacre, où des civils furent exécutés, des maisons détruites, la dignité humaine piétinée. Il ne peut y avoir mémoire du Vercors sans reconnaître la douleur profonde de Vassieux — mais il ne peut y avoir commémoration de Vassieux sans la replacer dans l’ensemble du sacrifice du massif tout entier. Car si Vassieux porte les grandes cicatrices de la terreur et des destructions, c’est aussi l’écho de Valchevrière, Saint-Agnan, Malleval, Saint-Nazaire, Beauvoir, des Pas, Grenoble, Lyon, Auschwitz, Bergen-Belsen, Brême, Buchenwald, Dachau, Weimar, Mauthausen et de tant d’autres lieux de résistance et de malheur où tombèrent civils et combattants du Vercors. Nous ne pouvons pas tous les citer, mais nous portons dans nos pensées, ces 64 communes. Partout, des femmes et hommes ont tenu leurs positions avec pour seules armes leur foi en la liberté, partout, des enfants, des femmes et des hommes sont tombés en martyr », disait-il notamment.

Et de rappeler ce que fut la résistance, ses origines, le patient travail de sa constitution. « Le maquis du Vercors n’est pas né d’un seul geste mais d’une montée en puissance, patiente et déterminée. Il s’est d’abord enraciné dans les villages des Quatre Montagnes, autour de Villard-de-Lans, où des hommes et des femmes ont su, très tôt, refuser la soumission. Puis vinrent les connexions avec les groupes de Grenoble, qui apportèrent soutien, coordination, relais logistiques et politiques. Cette mise en réseau permit d’élargir les actions vers le Royans, puis vers la Drôme, dans une volonté claire : créer un maquis structuré, cohérent, à la fois civil et militaire, capable de résister avec rigueur et conviction. Cette unité, qui aurait pu y croire tant la diversité des origines était première ? Quelles soient sociales, professionnelles, spirituelles, syndicales, politiques, géographiques, toutes formaient un ferment qui ne pouvait conduire qu’à l’affrontement et qui pourtant fut le socle du Vercors résistant. Cette diversité incarne à la fois la grandeur d’un territoire et l’alliance des volontés qui, ensemble, ont fait naître l’espérance. »

Le second temps des cérémonies avait lieu sur la place du village, devant le martyrologe qui porte les noms des victimes civiles de l’attaque allemande. Thomas Ottenheimer, maire de la commune, s’y désolait de voir perdurer le bruit des armes, huit décennies plus tard : « Reconnaissons ensemble combien l’échec est grand de constater que depuis 81 ans jamais les armes ne se sont totalement tues,
combien l’échec est grand, 80 ans après la libération des camps de concentration, de devoir dénoncer encore le poison de l’antisémitisme et du racisme, combien l’échec est grand d’entendre à nouveau les mêmes discours de haines que ceux qui nous ont conduit hier droit à la guerre, combien l’échec est grand de voir l’esprit de vengeance prendre le pas sur l’esprit de paix et combien l’échec est grand enfin d’entendre que l’hypothèse de devoir reprendre les armes pour protéger nos libertés, nos démocraties redevient crédible ».
Avant de conclure par des mots d’espoir : « même si notre marche vers une humanité apaisée est lente et semée d’embuches, nous en avons posé les bases, la démocratie, la République, l’Europe et nous en connaissons les valeurs, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, les droits de l’Homme. Et nous avons tant d’exemples de mains tendus, de dynamiques associatives, de réussites collectives à opposer à la violence et à la haine que nous pouvons et nous devons rester confiants dans l’avenir. »
Les cérémonies commémoratives des combats de l’été 1944 résonnent aujourd’hui par l’actualité des valeurs alors portées par les combattants de la liberté.