S’engager dans un contexte difficile, c’est bien ce qu’a fait Daniel Huillier, résistant dans le Vercors à l’âge de quinze ans. Une valeur, celle de la défense de la République de l’égalité et des libertés, que les enseignants du collège Marc Sangnier souhaitent transmettre à leur élèves. Ils participent au projet « La mémoire a un avenir » initié par l’UNADIF-FNDIR. Ils ont reçu Daniel Huillier.
« La mémoire a un avenir ». C’est fort de cette conviction que l’UNADIF-FDIR de l’Isère et son président Jean-Paul Blanc proposent aux collèges du département un programme de conférences et de rencontres sur la résistance au régime de Vichy et aux occupations italienne et allemande pendant la seconde guerre mondiale.
L’an dernier, le collège Louis Aragon de Villefontaine avait réalisé une recherche sur Robert Vallon, résistant lyonnais arrêté et interné en 1944 à la prison de Montluc, déporté à Dachau. Cette année, ce sont deux classes de troisième du collège Marc Sagnier de Seyssins qui travaillent sur la famille Huillier et la résistance dans le Vercors.
Ils ont ainsi reçu le 23 février la visite de Daniel Huillier, président de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors, familles et amis (ANPCVMV-FA). L’entretien était précédé par la projection du film produit par l’ANPCVMV-FA, Résistants du Vercors, des vies engagées, film de Pascal Boyadjian et Michel Pernet, que l’on peut voir ici.
L’échange qui s’en est suivi entre Daniel Huillier et les collégiens fut riche, émouvant souvent. Le président de l’association avait l’âge des collégiens lorsqu’il a pris part à la résistance ; une proximité par delà l’histoire qui faisait aussi l’intérêt de la rencontre.
« J’ai suivi mon père », disait-il à plusieurs reprises tout en soulignant que la résistance dans le Vercors et ses débuts fin 40 début 41, c’est bien davantage que le récit de l’engagement de sa famille.
Daniel Huillier a raconté le Vercors résistant, mais aussi son histoire personnelle. Lorsque son sang-froid, à quinze ans, a permis à son père d’éviter l’arrestation par la Gestapo. Ou lorsqu’il a cru son père abattu à la veille de la libération de Grenoble et qu’il l’a retrouvé quelques jours plus tard. Son oncle Paul et non son père était tombé sous les balles. Ou encore son émotion le 14 août 1944, en passant cours Berriat où les troupes allemandes venait de fusiller des otages – « j’en connaissais beaucoup, des cousins, des jeunes avec qui je jouait au hockey à Villard-de-Lans ». Ces rencontres avec les chefs de la Résistance, Eugène Chavant, les frères Samuel et d’autres lorsqu’il rentrait en fin de semaine à Villard-de-Lans, tandis qu’il poursuivait ses études à Vizille. Cette volonté de son père : « il n’était pas question que je touche une arme ».
Daniel Huillier évoquait la France sous Pétain. « C’est à partir du Service du travail obligatoire, début 1943, que les Français ont commencé à se solidariser contre les Allemands ; Pétain a été acclamé à Grenoble, lorsqu’il est venu en mars 41. »
La curiosité des collégiens s’attachait également à la vie d’un garçon de leur âge au cours de cette période. « Etes-vous passé près de la mort ? » « Peut-être, je n’en sais rien », répondait Daniel Huillier. Et quand on lui demandait s’il avait connu malgré tout des moments d’insouciance, il racontait les bals clandestins dans les fermes du Vercors.
Un bonne heure d’échange dont les enseignants se montraient très satisfaits. « Nous avons choisi de travailler avec des classes entières, et non avec des volontaires », nous précisait Rafaël Grass, professeur d’histoire et animateur de l’équipe pluridisciplinaire qui travaille sur ce projet « La mémoire a un avenir ».
A la fin de l’année, les élèves remettront leurs travaux nourris des conférences, rencontres et projections dont ils ont bénéficié. Gageons qu’ils seront d’une belle richesse après les échanges marquants qu’ils ont pu avoir avec Daniel Huillier.