Qui étaient ceux dont les noms sont gravés sur ces monuments ?

Au lycée professionnel Jacques Prévert, à Fontaine (Isère), l’année scolaire s’est achevée sur un moment particulier, pour les élèves de première tertiaire : le vernissage d’une exposition issue d’une année de recherche sur les traces de résistants et de combattants dont les noms sont inscrits sur des stèles érigées dans l’enceinte du parc du lycée.

L’instant était solennel. Pour leur dernier jour de classe, les élèves de 1re bac pro tertiaire du lycée professionnel Jacques Prévert, de Fontaine, planchaient devant le proviseur. Le proviseur, Jacques Peloux ; leur professeur de français et d’histoire, Ludovic Dutrey ; et Didier Croibier Muscat, secrétaire général de l’association des Pionniers du Vercors.

Le vernissage a eu lieu dans les locaux du centre de documentation et d’information du lycée.

Le rendez-vous avait été pris pour un vernissage, celui de l’exposition qu’ils avaient réalisée. Composée de près d’une vingtaine de panneaux, elle retrace le parcours de quatre résistants fusillés le 3 août 1944, contre la falaise qui borde le parc du lycée ainsi que de neuf jeunes élèves de ce qui était, lors de la Seconde Guerre mondiale, un centre d’apprentissage, le centre Bayard. De jeunes apprentis qui ont trouvé la mort lors de combats, pour certains dans la résistance sur le plateau du Vercors, pour d’autres, lors d’engagements contre l’armée allemande au cours de la libération du pays fin 44 et début 1945. Les noms de ces résistants et jeunes élèves morts pour la France figurent sur deux stèles érigées dans l’enceinte de l’établissement. Elles font ainsi partie du quotidien des lycéens.

Ce vernissage venait conclure une année de travail. Un apport pour la connaissance historique, puisque cette recherche n’avait pas encore été faite, à ce niveau de précision en tout cas. En ce dernier jour de classe, ce mardi 3 juin, les lycéens se sont succédés devant les différents panneaux, portant mention des fruits de leurs recherches dans les états civils, les documents accessibles sur la toile ou encore les archives mises à leur disposition par l’association des Pionniers du Vercors.

La classe de 1re bac pro a travaillé sur ce projet avec son professeur de français et d’histoire, Ludovic Dutrey.

« Ce travail est rare, soulignait Didier Croibier Muscat, très peu d’établissements scolaires proposent à leurs élèves de s’engager dans une recherche de ce type qui constitue un véritable apport à la connaissance historique ».

Les lycéens ont travaillé avec leur prof lors de séances hebdomadaires de deux heures, dans le cadre des horaires affectés à un projet de classe. Didier Croibier Muscat a participé à cinq d’entre elles. D’abord pour présenter le contexte historique de cette période de la résistance à l’occupation allemande, ensuite pour apporter son expérience de la recherche de sources historiques. L’affaire n’a pas été toujours simple pour des élèves qui découvraient un champ nouveau de leurs apprentissages. « Il y a eu des moments parfois décourageants, lorsqu’ils se sont confrontés à l’imprécision des sources, voire à leur absence, commente Ludovic Dutrey, comme par exemple lorsque les noms sont orthographiés différemment selon les sources ou que les dates de naissance ou de décès diffèrent ». Les lycéens sont ainsi confrontés directement aux vicissitudes de la recherche historique, « un véritable travail de détective, notait Jacques Peloux, qui saluait « un projet exceptionnel que l’on imagine plus facilement dans un lycée général ».

Les lycéens se sont succédés pour expliquer leurs travaux.

Ce qui restera de cette année particulière ?

Ludovic Dutrey, Jacques Peloux et Didier Croibier Muscat le relevaient chacun à leur manière : en cette époque de multiplication des infox, de viralité des réseaux sociaux, de « post-vérités », de contestation de la rigueur scientifique, les lycéens ont fait l’expérience d’un regard critique, de la vérification des sources, de la fiabilité d’une information… Un acquis pour leur citoyenneté – « cela fait partie de nos missions », soulignait Jacques Peloux – mais pas seulement : tous ont joué le jeu, pris confiance en eux, fiers de la qualité d’une étude conduite à son terme.

Des explications documentées pour chacun des documents présentés.

L’aboutissement de ce travail est aussi une richesse dont peut se prévaloir le lycée professionnel Jacques Prévert. D’une part parce qu’il fait la démonstration que les lycéens y peuvent conduire des projets de haute tenue. D’autre part parce que cette réalisation ouvre la perpective d’autres aventures. « Nous pouvons envisager des prolongements, notamment dans le domaine numérique », se réjouit Ludovic Dutrey. Les idées fusent, comme celle d’une randonnée, en éducation physique et sportive, qui pourrait rallier la nécropole de Saint-Nizier, au départ du lycée fontainois. Des présentations sont envisagées dans les collèges du secteur, « l’occasion de présenter notre établissement en montrant l’intérêt et la diversité de ce que l’on étudie au lycée Prévert », se félicite le proviseur. À la rentrée prochaine, l’exposition sera installée dans le CDI de l’établissement, histoire de susciter des envies.

Pour cette présentation, « les lycéens n’étaient pas habillés comme d’habitude, ils avaient voulu marquer ce jour exceptionnel pour eux comme pour nous », sourit Ludovic Dutrey. On ne saurait mieux dire.

Jacques Peloux, proviseur de l’établissement ; et Didier Croibier Muscat, secrétaire général de l’association des Pionniers, lors des exposés des lycéens.
Jacques Peloux, proviseur de l’établissement, a remercié les lycéens et les différents acteurs du projet pour leur engagement tout au long de l’année.