Champagnier. Une année scolaire en compagnie des résistants du Vercors

Le coup d’envoi de l’opération, ce sera le dimanche 12 octobre, avec le spectacle de Manou Benoit, Vercors 44. Et c’est un feu d’artifice d’initiatives qui suivra, sur les pas des maquisards du C3, un camp de résistants qui a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la Résistance au régime de Vichy puis aux forces d’occupation italiennes et allemandes. Richard Refuggi, fils de l’un de ces maquisards et l’un des artisans de ces projets, nous explique.

Ce sera le 12 octobre. L’un des événements qu’accueille la commune de Champagnier, sur les hauteurs de l’agglomération grenobloise. A partir de 16h30, à l’ouverture des portes, on pourra se donner rendez-vous à l’espace des 4 Vents – un ensemble en cours de rénovation où figure notamment le gymnase de la commune… – pour aller au spectacle. Et découvrir Vercors 44, une création de Manou Benoit.

Vercors 44, c’est une adaptation scénique du livre de Marc Serratrice, Avoir vingt ans au maquis du Vercors. Le spectacle nous emmène sur les pas des maquisards du camp numéro 3, installé notamment à Gève, non loin d’Autrans. Il retrace l’histoire vécue au maquis au cours de l’hiver 43-44, puis du printemps et lors des combats de l’été 1944 jusqu’à la libération, en août 1944. Une belle initiative – l’entrée du spectacle sera gratuite – que l’on doit à l’association champagnarde « Un thème, un livre, un débat » et à la MJC, en partenariat avec les Amis de fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD Isère) et AlterEgaux Isère.

On aurait pu s’en tenir là. Ce serait sans compter sans la détermination du président de l’association, Richard Refuggi, des enseignants de l’école du village, du service animations et de la directrice de la bibliothèque. Aussi Vercors 44 n’est-il que la pointe émergée d’un bel iceberg.

Richard Refuggi, l’un des fils de Lino Refuggi, maquisard au C3, camp installé notamment à Gève, sur les hauteurs d’Autrans.

C’est un programme complet qui a été concocté pour les enfants et les habitants de Champagnier.

L’exposition itinérante de l’association des Pionniers du Vercors sera présentée à l’espace des 4 Vents ce dimanche 12 octobre – une expo en six panneaux qui retrace l’histoire du maquis du Vercors – et restera ensuite visible à la mairie. À la bibliothèque, des ouvrages sur la résistance feront l’objet d’une promotion particulière.

Mais c’est sans doute en direction des jeunes générations que réside la dimension la plus originale de ce projet d’ampleur. « La transmission de la mémoire est le point fort de l’ensemble », souligne Richard Refuggi.

L’exposition des Pionnier du Vercors retrace l’histoire du maquis.

À l’école, plus précisément dans la classe de CM1/CM2 de Laurence Licinio, le travail se poursuivra tout au long de l’année scolaire. Outre l’étude de deux romans sur la résistance, l’accueil d’intervenants – Jean-Luc Refuggi, fils de Lino Refuggi, maquisard du C3, et un responsable de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors-familles et amis –, une journée de déplacement de la classe au cœur de cette histoire du C3, dans le massif du Vercors, est en train d’être mise sur pied. Non sans ambitions. « Les enfants vont pouvoir assister à des scènes du spectacle, Vercors 44, sur les lieux où se sont déroulés les événements, en collaboration avec l’autrice de la pièce, Manou Benoit », explique Richard Refuggi. Plus encore, ils vont s’initier aux techniques du photojournalisme – en bénéficiant des conseils de Jeff Plassard – et de l’écriture journalistique – sous la houlette de la directrice de la bibliothèque, Laëtitia du Rosier – avec l’objectif de réaliser un reportage sur ce qu’ils auront vécu.

Manon Benoit, lors de la visite-spectacle au refuge de Gève. La visite est organisée en coopération avec Blandine DamieuxVerdeau, guide conférencière. Été 2024.

Le service enfance jeunesse de la commune est lui aussi de la partie. Le temps péri-scolaire, entre midi et deux, sera concerné. Les élèves pourront participer à des jeux de rôle au cours desquels ils prendront, avec leurs animateurs le costume de résistants du Vercors pour mieux s’approprier leur histoire, ce que furent les engagements et la vie de ces jeunes qui ont eu vingt ans au maquis.

Et ce n’est pas tout. Au programme encore, la volonté d’organiser à Gève – dans la forêt sur les hauteurs d’Autrans – une sortie pour les jeunes du centre aéré, au début des prochaines vacances d’été. « Ce sera la possibilité pour eux de ressentir, sur place, ce qu’ils auront étudié au cours de l’année scolaire », se réjouit Richard Refuggi.

Ce bouquet de projets est encore à la recherche de financements. « Nous allons collecter des dons au chapeau le 12 octobre et solliciter largement nos partenaires institutionnels et associatifs. » Richard Refuggi est confiant.

C’est que ce travail de passeur de mémoire revêt pour lui un caractère d’urgence. Pour des raisons familiales, naturellement, mais pas uniquement. « À voir ce qui se passe aujourd’hui, la réflexion sur l’engagement et le refus de l’inacceptable est plus que jamais indispensable ; les générations les plus jeunes ont tout intérêt à une connaissance la plus complète possible de ce qui s’est passé dans notre pays et tout près de chez eux. »

Groupe de maquisards du C3 au printemps 1944. Au fond, de gauche à droite, debout : Charlot, Citroën, Crainquebille (Serratrice), Dufour, Dédé. Accroupis au premier rang : Fend-la-Bise, Lucien en uniforme, Guiboud, alias Sully et Jojo.
Complément issu des travaux d’Alain Raffin sur les noms de maquis des combattants. Dufour Charles : Charlot. Sourcis Michel : Citroën (travaillait chez Citroën). Serratrice Marc : Crainquebille. Poncet André : Dédé. Refuggi Lino : Dufour. Riband Alphonse : Fend-la-bise (pratiquait la course cycliste, cuisinier du Camp 3). Guiboud-Ribaud Lucien : Lucien. Coing-Boyat André ? ou Guiboud-Ribaud Joseph ? : Sully. Perrot Georges: Jojo.
ANPCVMV-FA, collection Marc Serratrice