La disparition de Victor Huillier

Victor Huillier avait 14 ans en juin 1944. Il s’en est allé dans la nuit du 7 au 8 mars, dans sa quatre-vingt dixième année. 14 ans : il n’en fallu pas davantage pour marquer sa vie du sceau des valeurs de la Résistance. Son père, Victor lui aussi, parmi les premiers organisateurs du maquis sur le plateau du Vercors ; son oncle Georges assassiné par la milice dans les rues de Grenoble ; son oncle Paul qui ne revint jamais du camp de concentration de Dachau… Son frère aussi, Daniel, son aîné de vingt-et-un mois, aujourd’hui président de l’Association nationale des Pionniers du Vercors. Lui-même, évidemment, membre de l’association et attaché à la transmission de la mémoire de ceux qui résistèrent à la barbarie.

Victor Huillier en 2019, lors de l’annonce de la vente de la société gestionnaire de la station de Villard-de-Lans à Tony Parker.

Mais Victor Huillier, ce fut aussi un autre engagement, celui de la vitalité du plateau qui l’a vu naître. On se souvient de ses qualités de hockeyeur, sur la patinoire naturelle au grand air de Villard-de-Lans. Une équipe et un club qui ont porté les couleurs du plateau aux quatre coins de l’hexagone et qui lui doivent beaucoup.

Victor Huillier, ce fut l’un des hommes qui ont construit le Vercors de l’après-guerre et son essor touristique. Il fut l’un des dirigeants de la société portée sur les fonds baptismaux par la famille Huillier, la Société d’équipements de Villard-de-Lans/Corrençon (SEVLC). Une station qui fut l’une des pionnières, là encore, du ski dans les Alpes françaises et sut naturellement multiplier les innovations : des équipements renouvelés et à la pointe des techniques pour les remontées mécaniques, les début de l’enneigement artificiel dans les Alpes ou l’extension des domaines de Villard-de-Lans à Corrençon… Avec une conviction : la station doit d’abord bénéficier au plateau et à ses habitants, sa raison d’être n’est pas la rémunération des actionnaires… La fidélité, en somme, à la tradition d’une entreprise de transports créée par la famille en 1889, mise à la disposition de la Résistance et qu’il a fallu reconstruire après sa destruction par l’armée allemande.

Victor Huillier dont la mémoire est aujourd’hui unanimement salué. Tout comme il a été unanimement reconnu comme l’un de ceux qui ont façonné le Vercors que nous connaissons.

Les obsèques de Victor Huillier ont eu lieu le 10 mars à Villard-de-Lans.

L’équipe de hockey de Villard-de-Lans, le 2 février 1947, sur la glace naturelle de sa patinoire de plein air. Cette équipe était championne des Alpes et finaliste du championnat de France.
En haut, de gauche à droite : Henri Masson, pionnier du Vercors, neveu d’Edouard membre du premier groupe de Villard ; Albert Clot-Godard ; Francisque Troussier, le successeur de François Ullmann à la tête de la compagnie civile Philippe, lorsque Ullmann a été nommé à la tête des compagnies de Villard, Autrans et Méaudre ; Victor Huillier ; Paul Bonnet, plus tard président du club de hockey ; Gabriel Guigon, président du club de hockey ; André Ravix, pionnier du Vercors, compagnie Philippe, futur maire de Villard-de-Lans.
En bas de gauche à droite : Daniel Huillier, plus tard président du club, aujourd’hui président de l’association des Pionniers du Vercors ; André Glaudas, neveu de Jean membre du premier groupe de Villard ; ?; Marcel Bonnard dit « Petit-Pierre » ; futur maire de Villard-de-Lans.
(Collection Daniel Huillier)