
Daniel Huillier souligne que la mémoire des fusillés n’est pas une simple évocation du passé mais un appel à la vigilance.
Le 14 août 1944, huit jours avant la libération de Grenoble, vingt jeunes gens originaires du Vercors ont été fusillés par l’armée allemande, au croisement du cours Berriat et la rue Ampère. Ce 14 août, la cérémonie commémorative de ces assassinats s’est déroulée devant le monument qui rappelle cet événement tragique, en ce lieu qui porte le nom de square des fusillés. Originaires de Villard-de-Lans, Méaudre et Autrans, ils avaient été arrêtés dans le Vercors, quelques jours auparavant et emprisonnés à la caserne de Bonne. Leur exécution sera décidée en représailles à une attaque menée par des résistants grenoblois contre une patrouille allemande.

Dans son allocution lue par Pierre Buisson, Daniel Huiller, président de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors, familles et amis, notait que « l’été de la Libération c’est celui de l’insurrection ; contre l’occupant certes, mais aussi contre la collaboration qui s’est installée dans notre pays depuis octobre 1940. La collaboration, ce n’est pas seulement soutenir l’Allemagne, c’est faire disparaitre la République, la démocratie, la liberté de penser. C’est faire disparaitre l’égalité entre les hommes, c’est promouvoir le racisme et l’antisémitisme et leurs conséquences abominablement criminelles. Nous savons tous que ce combat n’a pas cessé le 8 mai 1945, qu’il est toujours d’actualité ».
Il relevait que « ce massacre s’inscrit dans la politique des otages, caractéristique des régimes totalitaires. Elle repose sur une logique de responsabilité collective, où l’on punit des innocents pour des actes qu’ils n’ont pas commis, dans le but de terroriser la population. Cette logique est à l’opposé de celle qui fonde notre justice républicaine, héritée des Lumières, où la peine est individualisée, fondée sur la responsabilité personnelle, et encadrée par le droit ».

Pour Daniel Huillier, « la mémoire de ces fusillés n’est pas une simple évocation du passé. Elle est un appel à la vigilance. Elle nous rappelle que la démocratie repose sur le droit, sur la justice, sur la reconnaissance de chaque individu comme sujet de droit. Elle nous invite à résister à toute tentation de l’arbitraire, à toute dérive autoritaire, à toute instrumentalisation de la peur ».

Ce 14 août, à l’issue de la cérémonie du cours Berriat, d’autres moments de recueillement ont été organisés à Villard-de-Lans et à Autrans-Méaudre devant les monuments aux morts au cours desquelles le chant des Pionniers du Vercors et la Marseillaise ont été interprétés par les chorales des Jalabres, de Villard-de-Lans et de la Clé des chants, d’Autrans-Méaudre-en Vercors.


