Charles Morel. Tel est le nom de la promotion 2021 de l’École des officiers de la gendarmerie nationale. Un nom qui a marqué l’histoire de la Résistance dans le Vercors : le lieutenant Charles Morel, commandant la section de gendarmerie de Saint-Marcellin, est monté au maquis avec ses hommes, le 15 juillet 1944. Il était resté dans la plaine à la demande de la Résistance : les gendarmes étaient utiles au bon acheminement au maquis des conteneurs parachutés.
Ce choix d’un nom pour la promotion n’est pas anecdotique. « Il nous suivra pendant toute notre carrière, explique le sous-lieutenant Camille François, grand prévôt de la promotion, chargée de la transmission des traditions, nous serons ceux de la promo Charles Morel et cela nous permettra de nous retrouver par delà nos affectations ». Car l’esprit de corps a un sens, pour les officiers de gendarmerie.
Et c’est pour en développer les liens que cette promotion a effectué un déplacement dans le Vercors, reçue notamment par l’association des Pionniers du Vercors, par son président Daniel Huillier et son secrétaire général, Didier Croibier Muscat. La journée avait commencé tôt, pour les 174 élèves officiers. Départ à 4h du matin de l’école de Melun, en région parisienne. A l’arrivée à Vassieux, deux conférences étaient données par Didier Croibier Muscat et l’historien Julien Guillon, dans la salle du souvenir de la nécropole à Vassieux et au mémorial du col de La Chau. En fin d’après-midi, une cérémonie, organisée à la nécropole de Vassieux.
Ce qu’ils en ont retiré ? « Nous organisons différents événements sur les traces du général Charles Morel pour mieux connaître son parcours », note le lieutenant Bastien Boutry, président de la promo. Les combats de Vassieux étaient naturellement une étape incontournable. Les élèves officiers se rendront également en Alsace où le capitaine Charles Morel commandait une compagnie du 4e régiment de marche qui y a combattu en 1945. Après Vassieux, les élèves se sont rendus à la brigade de gendarmerie de Saint-Marcellin, dans la vallée du bas Grésivaudan, brigade que commandait le lieutenant Morel avant de rejoindre le maquis avec quarante gendarmes. Tous déplacements qui permettent aux élèves d’approfondir leurs connaissances historiques sur la second guerre mondiale et la Résistance. « Nous n’avons pas forcément le temps de travailler l’histoire dans notre cursus », sourit Camille François. En l’espèce, les conférences auxquelles les élèves ont assisté leur ont permis d’entrer dans le détail des événements, des prémices de la Résistance en Vercors fin 40 début 41 aux combats de l’été 44 et à la campagne de libération du pays
La détermination de la promotion à faire sien le parcours Charles Morel témoigne de l’importance de ce choix. Il obéit à des critères précis : l’exemplarité, l’irréprochabilité, l’engagement… Ce doit être celui d’un officier de gendarmerie qui a marqué son temps. Des propositions sont élaborées par le groupe « tradition » formé par les élèves. Elles sont soumises au Service historique de la défense qui les valide – ou pas – puis font l’objet d’un vote auquel participe l’ensemble des élèves de la promotion. « Nous étions tous d’accord », relève Bastien Boutry. Un accord sur le nom d’un homme qui a eu le courage de la désobéissance, ce qui n’est évidemment pas anodin pour un militaire. « Nous travaillons en cours sur les notions d’ordre illégitime, d’éthique », nous expliquera un élève. Ce nom du général de division Charles Morel marquera les carrières de ces officiers d’un sceau singulier.
Au cours de son déplacement à Vassieux, les élèves étaient accompagnés du général de gendarmerie Jacques Morel, l’un des fils du général Charles Morel. Une journée qui a bénéficié du soutien de la région Auvergne Rhône-Alpes.