
Face à une compagnie de troupes de montagne allemande solidement équipée et appuyée par l’aviation, les maquisards des pas de l’Est ont résisté pendant plus de soixante heures.
Le 21 juillet 1944, dix mille soldats allemands lancent l’attaque du Vercors. L’offensive se développe sur trois fronts, une attaque aéroportée à Vassieux, une avancée terrestre à partir de la plaine de Lans-en-Vercors vers Corrençon et Méaudre par le col de la Croix-Perrin, et la prise des pas de l’Est par des troupes de montagne.
Ce sont ces combats que commémorent les cérémonies du pas de l’Aiguille et des Fourcheaux et qui ont eu lieu cette année le 27 juillet. Face à une compagnie allemande aguerrie, équipée de mortiers, de canons de montagne et appuyée par l’aviation, 150 défenseurs, isolés et sans soutien, ont résisté avec pour seules armes leur courage et leur volonté farouche de rester libres. Pendant près de soixante heures, selon l’historien allemand Peter Lieb, les maquisards du Vercors ont infligé à une unité allemande les plus grandes pertes subies au cours de toute la bataille, en dehors des combats de Vassieux.

L’un des engagements les plus importants s’est déroulé au pas de l’Aiguille, le 22 juillet. Vingt-trois maquisards ont été attaqués, puis se sont repliés dans une grotte dans laquelle ils résistèrent plus de trente heures. Profitant de la nuit, les rescapés purent rejoindre le Trièves le 24 juillet.
Les cérémonies ont débuté au pas de l’Aiguille, sur les lieux des combats, là où s’érige la nécropole nationale. Elle se sont poursuivies aux Fourcheaux, au pied du col et du mont Aiguille, en présence de de la consule générale d’Allemagne à Lyon, Jessica Engel ; de la préfète de l’Isère, Catherine Seguin ; de Guillaume Gontard, sénateur, et de nombreux élus locaux. La consule a appelé à la construction d’une Europe de la paix et souligné l’importance de l’amitié franco-allemande. La préfète a rappelé la nécessité de « ne jamais oublier que ces hommes et ces femmes ont dit non à l’occupation, non à la résignation et non à la fatalité ».

Dans un discours lu par Roger Ceccato, Daniel Huiller, président de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors, familles et amis, a rendu hommage aux combattants. « Leur lutte fut désespérée, mais leur héroïsme fut sans faille. Certains, trop grièvement blessés pour s’enfuir avec leurs compagnons, ont choisi de ne pas tomber vivants entre les mains d’un ennemi sans honneur. » Il soulignait que « chaque cérémonie ici est un acte civique. Elle nous engage à transmettre, avec exactitude et émotion, le souvenir de ces hommes. Devant ce monument, nous faisons bien plus que nous recueillir : nous portons une promesse, celle de ne jamais laisser leur sacrifice s’effacer des consciences et des récits. En ces temps où le désespoir pouvait tout emporter, c’est cet héroïsme qui sera le ciment du sursaut de la Nation ».
A l’issue des allocutions, la chorale « 100 voix pour la fraternité » a interprété plusieurs partitions. La prairie des Fourcheaux accueillait pour la circonstance des dessins exécutés par les élèves de l’école Antoine-de-Ville de Clelles et du groupe scolaire de Monestier-de-Clermont.