« Une tarte de chasseur, c’était curieux pour un artilleur »

Henri Rossetti vient de confier des document familiaux à l’association des Pionniers du Vercors. Images et témoignages qui sont venus enrichir la médiathèque du site sur lequel vous lisez ces lignes.

« Il ne m’en a jamais parlé. C’est assez général, je crois qu’ils avaient vu des atrocités et qu’ils ne voulaient pas que leurs enfants connaissent ça. » Ce qu’Henri Rossetti connaît du passé résistant de son père, il l’a appris par sa mère, Gisèle. « Et encore, je suis sûr qu’il ne lui a pas tout raconté, il ne voulait pas qu’elle s’inquiète. »

Equipe de rugby à Sassenage. Au verso, ce document porte la date du 12 mars 1944 et le tampon à peine lisible d’un photographe de Fontaine sur lequel on distingue : « Photographe ..sso 1, av. A. Briand Fontaine (Isère) ». La photographie a été prise à l’occasion d’un match de gala organisé pour envoyer des colis aux prisonniers de guerre, selon le témoignage de Robert Rostin, fils d’Aimé Rostin debout en haut à gauche des rugbymans avec un béret. Assis au deuxième rang des rugbymen, quatrième en partant de la gauche, Gaston Rossetti, et à sa gauche, son ami Paul Eugène Arnaud, la tête penchée.

Toujours est-il qu’après le décès de ses parents, en 1998 pour son père et 2011 pour sa mère, Henri Rossetti a mis la main sur des albums de famille. « C’était un peu tout mélangé et ce n’est qu’en me replongeant un jour dedans que je me suis dit qu’une tarte de chasseur alpin, c’était un peu étrange pour un artilleur ; c’est comme ça que je suis rendu compte que j’avais des documents sur la Résistance. »

Des document qui n’avaient pas quitté le cercle familial… jusqu’au jour où Henri Rossetti croise le chemin du site internet sur lequel vous lisez ces lignes. « J’ai vu qu’il y avait des jeunes à l’association des Pionniers et j’ai pensé qu’il devait y avoir un site internet », nous raconte Henri Rossetti. Site qu’il a trouvé par une recherche classique. Et c’est ainsi que, d’une commémoration estivale au mois d’octobre qui suit, le site vercors-resistance.fr s’est enrichi de six photographies et d’une série de témoignages et de précisions sur le parcours de Gaston Rossetti, mais également de Paul Eugène Arnaud ou de Charles Richard, trois jeunes Sassenageois montés au Vercors. Henri Rossetti se montre très heureux d’avoir pu mettre tout cela à la disposition du public tout en espérant que d’autres suivront cette voie : il juge important de transmettre cette mémoire, ce qu’il fait dans sa famille quand l’occasion s’en présente.

Gaston Rossetti, deuxième accroupi à gauche. Photographie prise en septembre 1944, à l’hôpital militaire de la Tronche, près de Grenoble. Après avoir participé à la libération de Lyon, Gaston Rossetti, soutien de famille, y avait été affecté à la garde des prisonniers allemands blessés.

Dans la famille Rossetti, les récits de résistance courent du deux côtés des Alpes. La mère d’Henri Rossetti est originaire du Frioul. Giselda Zannier avait rejoint son père en France, le grand-père d’Henri Rossetti venu se réfugier en France après avoir fui le fascisme en Italie. Mais c’est de son oncle, le frère de Gisèle, dont il peut aujourd’hui conter l’histoire. Son oncle, engagé dans la marine italienne, a fait le choix de la Résistance dans le Nord-Est italien en 1943, après la signature de l’armistice avec les alliés et l’entrée en Italie des troupes allemandes. Cet oncle a laissé des carnets au fil desquels ils raconte sa guerre, le naufrage du bateau sur lequel il servait, coulé par un sous-marin britannique, puis son combat engagé contre l’armée allemande. « J’ai noté beaucoup de similitudes entre le Vercors et le Frioul et ce qu’y fut la Résistance », note Henri Rossetti.

« Avec la section de l’Anacr de Romans, nous avons traduit ces carnets et nous allons les éditer en tirage limité pour les amis », indique Henri Rossetti. Publication par le fils d’un des combattants du Vercors d’un témoignage direct sur la seconde guerre mondiale dont, c’est promis, nous vous parlerons dès sa sortie de l’imprimerie.

Henri Rossetti, né en décembre 1944, retraité de Merlin-Gérin où il est entré ajusteur en 1961 avant de terminer sa carrière comme cadre expert technique.