Ce 6 juillet, une itinérance hors du commun. Un tour des stèles érigées à la mémoire de combattants du Vercors tués au cours de l’été 1944.
« Nous ne pouvons pas dire ‘ ‘je’ ‘, ceux qui le pouvaient ne sont plus là ». Ce constat de Jean Jullien était douloureusement illustré, ce 6 juillet. Tandis que se déroulait le tour des stèles du Royans et du Vercors organisé par la section de Saint-Jean-en-Royans de l’association des pionniers, les obsèques de Jean Monin était célébrées à Romans, dans la Drôme. Jean Monin, disparu à l’âge de 92 ans, entré dans la Résistance en mars 1943, incorporé dans le corps franc du lieutenant Simon à Thorens, interné au fort de Montluc à Lyon en janvier 1944, déporté à Mauthausen, libéré en avril 1945.
En fin de matinée, Josette Bagarre lui rendait hommage en rappelant l’engagement de Jean Monin dans le travail de mémoire, notamment auprès des jeunes Romanais et du musée de Romans.
Travail de mémoire, c’est d’ailleurs la raison d’être du tour des stèles chaque année organisée début juillet. Car elles sont nombreuses, entre le Royans et cette partie du Vercors comprise entre Saint-Jean-en-Royans, Bouvante et Ambel. Au point que la manifestation est organisée en deux circuits, permettant la tenue d’une quinzaine de cérémonies.
Certaines stèles sont d’importance, comme le monument érigé au bord de la route départementale 199, qui rappelle la création du maquis d’Ambel fin 1942. La plupart sont de dimensions plus modestes, parfois à l’écart des voies de circulation. Elles n’en rappellent pas moins des événements tout aussi dramatiques. Ainsi de la pierre qui porte les noms de Paul Jalifier et Elie Lesches. Faits prisonniers, tous deux furent pendus à un arbre par les pieds, la bouche emplie de terre. L’arbre témoin de ce crime est toujours là, et surplombe le monument.
Des stèles, des plaques, on en trouve ainsi à Bouvante-Le Haut, au Pot de la Chaume, à l’Echarrasson, la Vacherie, Léoncel, route de Larps, Saint-Nazaire-en-Royans, à la gendarmerie de Saint-Jean-en-Royans…
De quoi témoigner de l’ampleur de la répression perpétrée par l’armée allemande dans l’ensemble du massif du Vercors et de ses alentours. » Cela fait plus de vingt ans que nous organisons chaque année cet hommage aux morts pour la France », explique Josette Bagarre. Elle se souvient qu’il a parfois fallu « débroussailler les sites » lors de la première édition de cette manifestation dont la section de Saint-Jean-en Royans avait pris l’initiative.
Une section dont l’ambition ne se limite pas à cette journée annuelle. « Ce qui est aussi important pour nous, c’est de participer aux cérémonies de Gresse-en-Vercors où des maquisards de notre secteur ont été tués ». Et puis il y a l’avenir de l’association. « Nous recrutons de nouveaux adhérents dans les familles des maquisards ». C’est notamment le cas à Pont-en-Royans, commune marquée par le bombardement ennemi du 29 juin 1944. Alain Buisson y travaille, pour recenser les descendants des pionniers du Vercors et tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du maquis. Avec les difficultés que rencontre toute association : « il est difficile de trouver des gens qui ont la possibilité de consacrer du temps à monter des projets même si beaucoup comprennent l’intérêt de nous soutenir », note-t-il. L’objectif est de développer, chaque fois que c’est possible, les liens avec l’éducation nationale, avec par exemple la perspective qu’une classe du collège de Pont parraine le drapeau des pionniers de Pont-en-Royans.
La matinée – qui a pris des allures de bonne demi-journée – s’est achevée par un repas pris en commun au cours duquel Josette Bagarre rendait hommage à Jean Monin. Un moment propice aux échanges d’idées sur les développements de l’activité de l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors – familles et amis.